Le Coronavirus et son confinement imposé ont manifesté une déflagration sociétale intense.

Après la sidération de l’isolement et la peur du virus, ont déferlé sur les réseaux sociaux toute une série de réflexions, accusations, prières, méditations, exhumations d’horreurs cachées, alertes à l’ordre mondial, au complotisme, révoltes, appels au combat… De tout et son contraire. Il a même été question de la venue de la 5éme dimension !

Cette profusion de post-articles-vidéos, obstruant l’intuition profonde de chacun et son silence intérieur, a mis en exergue toutes les peurs (peur du virus, de la contamination, peur économique, peur de la solitude, peurs des lendemains qui déchantent…), comme s’il fallait chercher encore et encore l’ennemi (ou l’ami) à l’extérieur de soi. Or, il est en nous.

Nous sommes une humanité encore adolescente, qui a reçu des coups, qui a souffert et souffre encore. Elle ne pourra grandir et devenir adulte seulement si elle s’arrête de crier au loup pour enfin se retourner sur elle-même.

Nous ne pourrons jamais parvenir à une société de paix sans amour incarné. Le changement de paradigme ne s’opérera qu’au prix de ce retournement. Assez des blessures, des souffrances, des colères, des peurs, des jalousies. Assez de ces horreurs sur terre. Qui d’autre que nous-même peut commencer ce chemin d’amour vers lui ? Comment envisager une paix sur terre sans paix intérieure ?

Nous avons eu, sur notre planète, des exemples notoires d’approches pacifiques : Gandhi et sa marche du sel, pacifique, qui a obtenu le résultat escompté : celui de laisser aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel.

Martin Luther King, militant pour les droits civiques des Noirs est devenu le symbole de la non-violence pour l’égalité entre Noirs et Blancs aux Etats-Unis. Il en est mort…

En 2020, nous sommes encore loin d’être pacifiques.

La parole des militants que je côtoie est pleine de peur et de colère. Et lorsque j’émets l’idée qu’on peut « guérir » de sa colère en s’attelant à nos blessures, un espace d’interrogation muette suivi d’un regard perdu me sont opposés… Bien sûr que la désobéissance civile devant la pression liberticide est indispensable, mais il est encore plus nécessaire d’agir avec la paix en soi, l’amour en soi, pour briser ce mouvement infernal de balancier paix/guerre – Souffrance/violence.

Nous avons eu dans les années 2000, un désir de changement de société dans notre culture occidentale. Il fut révélé par ces grandes enquêtes sociologiques menées aux Etats-Unis puis en Europe : Paul H Ray et Sherry Ruth Anderson, deux sociologues américains publient « The Cultural Creatives. Fifty Million Who Will Change the World ».

Les éditions Yves Michel le publieront en 2001 sous le titre « L’émergence des créatifs culturels, Enquête sur les acteurs d’un changement de société ».

Cette enquête sociologique menée d’abord aux Etats-Unis a fait apparaître que près d’un quart de la population partageait un certain nombre de valeurs incarnant une vision du monde plus humaniste.

En Europe, l’enquête a été lancée en 2003 par le Club de Budapest.

Six pôles de valeurs définissent les Créatifs Culturels (les CC) :

• L’écologie et le développement durable : le bio, la consomm’action, les méthodes naturelles de santé
• ­La reconnaissance des valeurs féminines : la place des femmes dans la sphère publique, coopération et préoccupation par rapport à la violence
• ­Être, avoir et paraître : prédominance de l’être par rapport à l’avoir et au paraître
• ­Le développement personnel : la connaissance de soi et l’ouverture aux autres, la dimension spirituelle
• ­L’enjeu sociétal : l’implication individuelle et solidaire dans la société, le social avec une dimension locale
• ­L’ouverture culturelle : le respect des différences, le multiculturel.

Si la plupart des valeurs des CC est partagé par les personnes engagées dans ce changement du monde, bien souvent la dimension psycho spirituelle est bannie : pour elles, l’invisible n’existe pas, le sacré n’a pas sa place, la connaissance de soi n’est pas intégrée, l’amour de soi est totalement ignoré, voire évacué.

Cette dimension est essentielle.

Le confinement a permis de s’asseoir, de visualiser la vulnérabilité de notre société ballotée par le mensonge. Il nous a invité à espérer une civilisation plus proche des valeurs humanistes précitées.

Mais ce quatrième pôle : « La connaissance de soi et l’ouverture aux autres, la dimension spirituelle » est celle qui rendra le Monde d’après possible.

Nous jouons aux héros et pensons que nous avons du temps devant nous…. Je crois que non.

Il est temps d’agir pacifiquement, avec le cœur, en conscience.

Il est temps de s’atteler à notre tâche pour ce changement du monde qui frissonne, car oui, chacun est responsable de tous ! (phrase de Saint-Exupéry)

Christine